Je suis retourné en studio au printemps. J'ai enregistré deux chansons avec Michel Bordeleau, qui m'accompagne à la vielle à la roue. C'est la première fois que j'utilise cet instrument en studio et c'est absolument merveilleux ce que ça donne comme résultat. J'ai également fait des choses au piano dont une autre chanson composée à partir de deux poèmes de Rutebeuf. Lindsay a un studio, il est également guitariste, bassiste et percussionniste. Il fait de l'excellent travail. Nous avons enregistré ensemble quelques chansons, j'en ai fait une au dulcimer (épinette des... Laurentides). Comme je suis très occupé l'été à travailler auprès d'enfants je fais peu de musique. Étonnamment j'ai pu quand même écrire de nouvelles chansons, dont une qui est un hommage... à quoi donc au juste ? Aux astres, à l'astronomie, aux astronomes amateurs, à l'observatoire de Châteaurenard dans les Hautes-Alpes. J'ai également - ça c'est une surprise - adapté en français une chanson de Bob Dylan (j'en dis pas plus pour l'instant). J'ai aussi écouté pas mal de chansons, surtout des choses récentes, de Samian jusqu'à Tire le coyote. J'aime particulièrement le disque de Viviane Audet, Le couloir des ouragans ; il y a quelque chose de frais là-dedans que j'aime beaucoup, les arrangements sont brillants. Puis j'ai commencé à me taper un livre gros de même, The Bardic Source Book. Malheureusement il n'y est pas question de traditions bretonnes, mais bon, depuis le temps que je cherchais un livre sérieux sur l'art bardique... puis je peux enfin mieux découvrir Taliesin. Quelque part dans un poème de Michel Garneau il est question du grand barde gallois Taliesin, Garneau dit quelque chose comme : il pouvait faire de la poésie car il avait étudié la chose. Alors à mon tour j'étudie un peu la chose. Je lis aussi un livre très intéressant sur la voix, c'est un Français qui connait bien le Québec, Philippe-Nicolas Mélot. Le titre : Mettez du ki dans votre voix. Parlant de livre j'ai dévoré le livre de Jacques Vassal sur Brassens (le premier), aussi savouré celui de Pierre Louki et apprécié les pages que consacre Corne d'Aurochs aux années que Brassens passa à l'impasse Florimont chez Jeanne. Très inspiré et très impressionné par le documentaire consacré à Pete Seeger - The Power of Song. Ça n'est pas par hasard si Paul Zollo dans son livre Song Writers On Song Writing place en premier l'interview de Seeger. Joan Baez dans sa chanson Diamonds and Rust dit de Dylan qu'il est "the original vagabond". L'image est très belle et c'est un peu celle que j'ai toujours eue de l'auteur de Like A Rolling Stone mais j'ai tendance à croire que le premier vrai grand barde vagabond est Pete Seeger... avec Woody Guthrie. Seeger a réellement vagabondé avec Guthrie. Son engagement politique et social était remarquable. Dans une interview sur youtube on demande à Peter Tork (eh oui, du groupe The Monkees) qui est selon lui le plus grand des musiciens, sans hésiter il répond : Pete Seeger. Parlant de folk, j'ai une bonne adresse en Champagne (département où j'ai passé pas mal de temps en 1977, si j'y suis retourné brièvement en 1998) d'où je commande des disques vinyles de folk français des années 1970. J'avais quelques vinyles de folk français à l'époque mais à part Malicorne et un disque de la Chifonie, on ne trouvait presque rien à Montréal. Il y a une grande richesse dans ces musiques de diverses régions en France, c'est fou combien on sous estime les traditions musicales au pays de Villon. Après avoir lu beaucoup au sujet de la fréquence 432 Herz et après avoir expérimenté un peu de ce côté, j'ai décidé d'enregistrer mes chansons accordé à cette fréquence. Le la dit universel est bien sûr le la 440 Hz. Quelque part au cours du vingtième siècle il a bien fallu que les accordeurs de piano et les orchestres symphoniques s'entendent (littéralement). Je ne sais pas pourquoi exactement on a décidé qu'on s'accorderait au la 440 Hz. J'avoue que ça me donne froid dans le dos quand je lis que c'est la fréquence qu'avait imposée Goebbels. Quoi qu'il en soit, c'est en chantant une de mes chansons composée en sol mais que je n'arrivais plus en chantée qu'en fa ou fa dièze que j'ai décidé de baisser la fréquence de 440 à 432. Je la chante à nouveau en sol : c'est plus que relaxant pour la voix, je sens une richesse vocale dans ma voix, quelque chose que je n'entendais pas souvent autrefois. Mon ami Jean Marcoux est décédé en juin. J'aimais beaucoup Ti-Jean. Il possédait un répertoire extraordinaire de chansons dans tous les styles. Premier Québécois a avoir établi des contacts avec des musiciens Cadiens de Louisiane (vers 1970), il était l'auteur et l'interprète de la chanson Longueuil Beach by the River. Si ma mémoire est bonne la chanson de mardi gras que le White River Bluegrass Band chante sur son premier disque est de Jean Marcoux. L'adaptation en français de Bonaparte's Retreat que Garolou chante est de Jean. Je garderai toujours en mémoire cette scène où il chantait avec Monique Jutras Ah si l'amour prenait racine. Il est mort la même année que le musicien Cadien Al Berard. Ces deux-là se connaissaient et avaient joué de la musique ensemble.