09 nov 2014 | |
EN ATTENDANT LE 15 NOVEMBRE AU MOUSSE... |
Le travail avec Lindsay en studio continue d'avancer très bien. Mon idée de départ était d'avoir beaucoup de cordes : guitare acoustique, guitare à douze cordes, guitare classique, mandoline, vielle à roue, banjo, dulcimer, etc. Sans trop m'éloigner de cette idée j'ai commencé à ajouter d'autres instruments pour la simple et bonne raison que je sais jouer (un peu) d'autres instruments comme par exemple l'harmonica et l'accordéon. On s'arrange avec les moyens du bord, autrement dit on compose avec ce qu'on a comme talent et budget. - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - La chanteuse de jazz de La Nouvelle-Orléans Lizzie Miles a été une révélation pour moi lorsque j'étais à la recherche de chansons de jazz chantées en créole. Je ne sais pas combien de chansons elle a enregistrées en créole, j'ai l'intention d'acheter tous ses disques. J'ai eu la surprise de ma vie lorsque j'ai regardé le film Blue Jasmine de Woody Allen. Si vous connaissez bien Woody, si vous avez vu le documentaire Wild Man Blues, vous savez que le réalisateur de Annie Hall est non seulement féru de jazz de La Nouvelle-Orléans, il joue de la clarinette dans un ensemble de jazz. Je ne sais qui sont ses maîtres, fort probablement tous des Créoles comme Sidney Bechet, Albert Nicholas, George Baquet, Tio Lorenzo et j'en oublie. Dans le film Blue Jasmine on entend Lizzie Miles chanter A Good Man Is Hard To Find d'abord en anglais puis en français, un français créolisé. Eh bien, je crois que le compte est rendu à 18, je veux dire le nombre de chansons de jazz chantées en créole que je connais. On lâche pas la patate ! - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Quelque part à la fin des années 1970 j'avais lu quelque chose de Raôul Duguay au sujet du sens et du son. Il racontait comment sens et son se rejoignent, voire se confondent. Je savais qu'il m'ouvrait une piste sans vraiment comprendre sa pensée. Chez les Celtes il y avait chez les druides le druide qui se servait de la parole chantée - et qu'on peut dans une certaine mesure apparenter au griot - et qu'on appelait le barde. On connaît surtout la tradition bardique galloise puisqu'elle a perduré pendant des siècles après l'ère romaine. Cet art a suivi une curieuse de courbe, il est devenu une affaire d'élite hyper lettrée qui méprisait les ménestrels, autrement les musiciens du peuple. Comme le troubadour du 12e siècle, le barde maîtrisait surtout la plume et chantait rarement, sinon jamais, ses œuvres : il laissait cela à la caste des interprètes. Toutefois si on remonte dans le temps on retrouve en Gaule à l'époque de César un personnage qui lui aussi travaillait avec les mots et qu'on appelait le Gutuater. Si j'ai bien compris il était un druide qui maîtrisait l'art de l'incantation ; il devait certainement comprendre le pouvoir des mots, certains mots, car ils étaient forgés de certains sons qui par leur vibration stimulaient ou réveillaient lees appellent le toning, chant qui parfois inclut une consonne telle que le M. Cela dit la il est facile de se rendre compte par soi-même par un simple exercice que par corps, l'âme et l'esprit de façon bien précise. Plus j'étudie la poésie - mais cela inclut aussi la turlute, les comptines et le scat par exemple - plus je me rends compte à quel point le choix de certaines sonorités dans la composition d'un texte, à plus forte raison un texte destiné à être déclamé ou chanté, joue un rôle déterminant dans sa capacité de toucher l'auditeur. Les livres et sites web que j'ai consultés cet automne et qui traitent soit du chant, de la voix ou de la musicothérapie ne disent pas tous la même chose, selon telle tradition telle note correspond à tel organe, tel méridien ou tel centre d'énergie (ou chakra) ; il en va de même pour les voyelles. Au vrai, il existe plusieurs chants des voyelles, ce que les anglophon exemple le A fait vibrer la cage thoracique, le È la nuque et le cerveau, le É la gorge, le I le front, le U les sinus, le OU le ventre, le O le bas de la cage thoracique et les organes génitaux. On dit que le EU résonne dans la lèvre inférieure, je sens que ça résonne aussi dans la mâchoire inférieure, le menton. Si on répète l'exercice on s'aperçoit que ça peut faire vibrer d'autres parties du corps. Chez les Asiatiques, c'est ce que j'ai remarqué jusqu'ici, on a tendance à combiner consonne et voyelle, par exemple les SH, K et H sont employés. Selon Eizabeth Keyes (citée par Joy Gardner-Gordon dans The Healing Voice) le H et le K stimulent le système glandulaire. Ceci est à mettre en rapport avec les recherches de l'artiste, éducatrice et thérapeute Bonnie Bainbridge Cohen qui a développé (ou découvert) une approche très intéressante, et que j'ai pratiquée durant 2 ans dans les cours de théâtre d'Isabelle Villeneuve, où l'on stimule tellle glande en tapotant une partie du corps bien spécifique. Par exemple en frappant doucement le talon on stimule les gonades ce qui a tendance à faire chanter des notes plutôt basses, et dans mon cas des sons commençant par les consonnes G (comme go) et B avec parfois le M. Tout ceci semble fort éloigné de l'art de la chansonnette, dans mon cas il ne s'agit pas tant de me servir consciemment d'une connaissance et de tenter de la mettre en pratique dans la rédaction/composition d'une chanson que de m'imprégner par la pratique, donc par l'intégration graduelle, de cet héritage ou ce savoir. Une certaine assimilation se fait au niveau inconscient et finit par nous guider, ou à tout le moins nous influencer, dans notre travail. Baudelaire et Verlaine n'ont probablement jamais entendu parler du chant de voyelles, plusieurs de leurs poèmes sont néanmoins de magnifiques exemples d'une maîtrise des mots, de leur sonorité et de leur sens - sens qui va par-delà l'intellect et touche l'inconscient. Quand j'ai écrit le texte de ma chanson L'orphelin je venais d'abord de prendre en notes des phrases, des mots qui saisissaient bien, nommaient ce que j'avais envie de dire, quelque chose en partie inspirée d'une phrase entendue dans mon cours de Biodanza où il était question de se bercer soi-même, se donner soi-même un câlin. J'ai retenu le mot câlin et, spontanément, des rimes en IN sont montées à la surface. Cette rime, la nasillarde IN, faisait surgir des images qui convenaient tout à fait à mon propos. Mais voilà, deux, trois quatrains où l'on entend que cette même sonorité, ça manque de richesse, de couleurs. Il me fallait trouver un son complémentaire. Je me suis posé la question : quel est le son complémentaire à IN, celui qui vient naturellement ? La nasillarde ON est apparue très rapidement (eh oui comme dans les films français : PIN PON PIN PON...). J'avais trouvé ma rime pour le refrain, le son qui repose du IN. La chanson, soit dit en passant, est enregistrée, c'est Lindsay Vargas qui joue de la guitare. - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -. J'ai bien hâte d'aller me procurer le dernier disque d'Alexandre Belliard, ce barde (barde puisque comme le barde et le griot il est porteur de mémoire) admirable, Légendes d'un peuple avec Richard Séguin, Chloé Ste-Marie, Yann Perreau, Mara Tremblay et Vincent Vallières. Voilà !
Dernière modification: 17 nov 2014

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