IL Y A SEPT OU HUIT ANS J'AI ENTENDU EN RËVE UNE CHANSON

 ... un jour Jean-Pierre Ferland expliquait à la radio qu'il avait une certaine facilité à se souvenir de choses entendues lors de la phase hypnopompique de son sommeil. C'est la phase d'éveil partiel qui succède au sommeil. Ainsi il entendait des bouts de chansons, ou alors peut-être de mélodies, et cela l'aidait dans son travail d'auteur et compositeur. Son inspiration, ni plus ni moins, venait souvent de cette source.

J'ai entendu une nuit une chanson, en fait un début de chanson, la mélodie était complète. Si je me souviens bien il n'y avait que l'équivalent de deux vers comme paroles. Dans le rêve quelqu'un accompagnait des gens âgés (surtout des femmes, je crois) au piano. À partir de là j'ai commencé à... ou continué à composer la dite chanson. Comme je n'avais pas de piano - je n'étais pas chez moi - j'ai adapté la chanson à la guitare. Curieusement j'avais beau trouver cette chanson très belle, très ''inspirée'', j'avais tendance à la laisser dormir, la mettre de côté. Je ne savais pas pourquoi. La semaine dernière en fouillant dans mon répertoire de chansons ''oubliées'' je l'ai ressortie. C'était le matin. J'ai décidé de l'essayer au piano et tout de suite j'ai aimé le résultat. Cela n'a duré que deux minutes. Je suis ensuite parti en ville voir le film Seymour : An Introduction d'Ethan Hawke. Seymour Berstein est un pianiste de concert de plus de quatre-vingt ans qui, à l'âge de cinquante ans, a décidé de mettre fin à sa carrière de pianiste de concert pour se concentrer sur l'enseignement.

D'abord, ses propos sur le gouffre qui existe entre l'être humain véritable et l'image de la ''vedette'' qu'on a de lui/elle nous oblige à réfléchir sur non seulement le star system que l'on connait, même dans le monde dit sérieux de la musique classique, mais aussi sur les valeurs de la société et de la façon qu'on inculque à l'enfant des idées tordues sur la soi-disant valeur du succès. Vers l'âge de vingt ans j'avais entendu à la télévision la chanteuse Isabelle Pierre (de son vrai nom Nicole Lapointe) expliquer pourquoi elle avait décidé de tout lâcher. Elle aimait chanter mais le succès, la popularité, tout ça n'était pas tout dans la vie et elle désirait mener une vie simple, élever des enfants, etc. Certes j'étais intrigué par la nature de ses propos mais ce qui me fascinait le plus, et m'impressionnait, c'était le ton de sa voix. Il y avait dans sa voix des accents d'authencité que je n'entendais jamais ailleurs. Par la suite j'ai retrouvé des propos semblables chez John Lennon et James Cagney. La pièce de théâtre qui joue en ce moment à Montréal, Judy GARLAND : la fin d'une étoile avec Linda Sorgini dans le rôle de la chanteuse célèbre, aborde les dernières années de sa vie, une femme très malheureuse que sa mère, elle-même une artiste de variété, bourrait de barbituriques dès l'âge de 12 ans. Elle est décédée à 47 ans. On pleure encore le départ de Robin Williams...

La quête spirituelle de Seymour Bernstein, cette recherche constante de l'authentique, du vrai, de l'émotion profonde, de la vie de l'âme, compte par-dessus tout. Pour lui l'art, en tout cas le sien, c'est essentiellement cela. À un moment donné il parle de ce résevoir qu'on réussit à trouver, ouvrir comm on découvre un filon, une source. C'est merveilleux à entendre. Ce qui est encore plus merveilleux à entendre, à voir, à écouter ce sont toutes ces séquences où on le voit soit donner un cours de piano soit jouer lui-même au piano, on sait sans l'ombre d'un doute que cet homme est en train d'exprimer les émotions les plus profondes de l'âme, il touche les touches du piano comme on touche avec grand soin, délicatesse, douceur, voire vénération le coeur le plus sensible du monde. Il évoque alors l'extase, rien de moins. Alors on a droit à un extrait de concert du pianiste britannique Clifford Curzon. Une révélation. L'expression de son visage change avec chaque mesure, on comprend tout de suite ce que Berstein veut dire par extase.

Je suis rentré chez moi et j'ai compris d'abord que je n'avais pas entendu par hasard la chanson au piano : elle avait beaucoup plus de vie avec cet instrument. Puis... eh bien, moi qui n'avais presque pas touché à mon piano depuis la séance d'enregistrement de juin 2014, j'ai redécouvert la force et la beauté de cet instrument. 

 

 

 

 

 


Dernière modification: 05 avril 2015