QUAND DÉCEMBRE REVIENT...

En fait, je cherchais des idées d'arrangements pour ma chanson Le pain, le pays, la paix, je me demandais quelle sorte de percussion utiliser, quelque chose qui soit discret mais efficace. J'ai donc écouté des chanteurs québécois qui mêlent des sons acoustiques avec des rythmes rock. Ça ne m'a pas inspiré - j'aime le style americana mais il n'y a pas que ça - mais ça m'a donné l'idée d'ajouter du dulcimer à la chanson. Je ne sais pas encore quelle percussion je mettrai sur ladite chanson mais avec l'ajout du dulcimer ça me donnera sans doute des idées. Ce qui m'a le plus fasciné c'est de voir comment le dulcimer se marie bien au rock, du moins au rythme rock que j'emploie sur ma chanson. C'est très, très rare qu'une de mes compositions évolue de cette manière, le texte n'a presque pas bougé mais la musique n'a cessé de changer, d'évoluer. Puis l'émotion est devenue plus profonde, et voilà que j'ajoute du dulcimer à un rythme rock, chose que je ne me souviens pas d'avoir entendu ailleurs.

Et je viens d'écrire ma première chanson au dulcimer !

 

Parmi les livres que j'ai lus l'année dernière, je veux parler des bouquins qui parlent de la voix, du son, de musicothérapie, il y avait The Healing Voice de Joy Gardner-Gordon. Je me suis rendu compte que je l'avais à peine feuilleté. Je viens d'en lire deux chapitres et c'est pas mal plus intéressant que je ne je croyais. Elle appelle "vibrational healer" celui/celle qui effectue un travail de guérison avec le son sauf que dans son cas elle inclut dans son travail thérapeutique d'autres approches comme par exemple la visualisation. C'est bien rare que je parvienne à faire de la visualisation. Je me suis remis aussi au chant des voyelles de Reine-Claire et c'est jusqu'ici le chant (ou le toning) que je préfère. Mais comme pour les approches de Joy Gardner-Gordon, les autres aspects dont il est question, appelons ça des aspects spirituels, ne me disent pas grand chose. Ce qui compte d'abord c'est l'effet sur le corps, ensuite la psyché. Je ne rejette pas du tout les aspects spirituels dont il est question mais comme le chante Antoine dans sa chanson Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez moi : Je veux vérifier moi-même. J'ai trouvé amusant cependant de lire de la plume de Joy Gardner-Gordon une description du "vibrational healer", elle décrivait ce que je dis au sujet du gutuater. De son côté Emmanuel Comte se dit sonologue. À propos de son livre Le son des vibrations, on dit :

L'auteur dévoile le potentiel des sons et des vibrations au service de la médecine du futur et du développement de l'être. Il donne une large place à la compréhension du phénomène de résonance à partir d'exemples historiques et scientifiques. L'auteur dévoile le potentiel des sons et des vibrations au service de la médecine du futur et du développement de l'être. Il parle également des risques encourus par l'ignorance et la non-compréhension des lois universelles d'harmonie, que certaines musiques ne respectent pas.

Tout ça m'intrigue beaucoup. Je n'ai pas encore son livre, j'ai l'intention de le lire bientôt.

C'est au Salon du livre que j'ai découvert ce livre alors que j'allais rencontrer Pierre Calvé. J'étais allé la semaine précédente au lancement de son livre Pierre Calvé, Tout est vrai. Je l'ai reçu, lorsque j'étais à CIBL, deux ou trois fois. Au début des années 1960 il était peut-être le seul chansonnier à avoir réellement bourlingué, ce qu'il chantait était inspiré des voyages qu'il avait faits de par le monde. Quand la vague des boîtes à chansons est morte il a persévéré. Quand il avait un contrat quelque part en province, il s'y rendait, le plus souvent avec son frère qui l'accompagnait à l'accordéon, et il téléphonait aux villages alentour : Bonjour, je suis le chanteur Pierre Calvé, je peux aller chanter chez vous, j'ai mes affiches, etc. Bien avant que la musique World ne devienne populaire il a enregistré un disque (soit en 1964 soit en 1967) avec des musiciens latino-américains. Le public d'aujourd'hui ne le connait pas, même s'il est toujours actif on l'oublie. Oublier c'est effacer, s'effacer. 

En parlant des boîtes à chanson, j'ai remarqué ceci : l'époque des boîtes à chanson a commencé à peu près au même moment où naissait la vague folk de Geenwich Village, celle dont parle avec grand talent Dave Van Ronk. Il y a beaucoup de parallèles à faire entre ces deux mouvements car chacun à sa façon était porteur d'espoir, annonçait une nouvelle société, puis c'était de la poésie, chacun aussi avait des racines dans le folklore mais... c'est curieux comment le folksinger se présentait comme le bourlingueur qui avait rouler sa bosse sur la route tandis que le chansonnier évoquait souvent un bourlingage en mer comme l'atteste la poésie de Pierre Calvé, Hervé Brousseau, Claude Gauthier et Gilles Vigneault. Comme si le chansonnier québécois voyait le monde avec les yeux, l'âme du navigateur, du découvreur de nouvelles terres tandis que le folksinger voyait le monde avec les yeux du vagabond, du voyageur solitaire qui est à la recherche de quelque chose à l'intérieur des terres. 

 

Ce devait être en 1992 je crois, j'étais au restaurant avec le musicien cadien Bruce Daigrepont et un tas d'autres gens qui allaient participer à l'émission Beau et chaud. Assis à côté de moi un musicien africain, sans doute un Sénégalais, joueur de kora, cette harpe-luth mandingue. À un moment donné, je luis dis que pour bien intégrer et apprendre un conte il fallait le répéter à voix haute, que le conte était une chose vivante et que par la parole on pouvait porter en soi la vibration de ce conte. Il m'a regardé et s'est exclamé : Oh, mais tu es griot, toi ! J'avais entendu ça quelque part et pour moi c'était plein de bon sens. Or dans Le Devoir du 14 décembre il y a un article de Pauline Gravel où il est question d'une étude faite à l'Université de Montréal sur l'apprentisage, par exemple de la grammaire, effectué à voix haute. Non seulement apprendrait-on mieux en répétant à voix haute mais en plus en regardant quelqu'un. Ceci me rappelle une technique en psychothérapie où il s'agit par exemple de pardonner ou lâcher prise, on le fait à voix haute en regardant quelqu'un dans les yeux. En France il existe au moins une école qui utilise l'approche de Marcel Jousse pour apprendre l'algèbre, c'est-à-dire à voix haute et en faisant des gestes qui illustrent ce qu'on dit.

Pauline Gravel écrit : "On savait déjà que répéter tout haut une information induit un meilleur souvenir que lorsqu'elle est simplement lue en silence, mais ces nouvelles données montrent que le faire en présence d'un interlocuteur joue un rôle clé dans la mémorisation." 

Plus loin elle dit : "Articuler silencieusement les mots a permis de mieux les retenir que simplement les passer en revue intérieurement en raison de "la mobilisation des articulations (de la bouche) qui envoie des influx sensori-moteurs au cerveau", fait remarquer Victor Boucher. "Répéter à voix haute mobilise en plus les les cordes vocales, qui ajoutent d'autres effets sensori-moteurs contribuant à accroître encore davantage la mémorisation. Le fait de s'adresser à quelqu'un pendant qu'on prononce les mots mobilise également l'attention et ajoute un contexte de communication." Un article des chercheurs sur le sujet vient d'ête publié dans la revue Consciousness and Cognition.

Tout ça me fait penser au livre de Claude Duneton (écrit avec Emmanuelle Bigot), Histoire de la chanson française. Il nous rappelle régulièrement de lire les (nombreux) textes de chansons sur un air connu. 

Coincidence, j'ai reçu hier le livre de Laeh Maggie Garfield, Sound Medecine. Dans son introduction elle parle de Essie Parish, qui fut son mentor, une chamane amérindienne Pomo, laquelle lui interdit de prendre des notes, son enseignement se faisant par la répétition et la mémorisation. Malheureusement la manière traditionnelle, aussi vivante soit-elle, a ses limites. Dans son livre Femmes qui courent avec les loups, Clarissa Pinkola Estés écrit que dans les traditions selon lesquelles elle a été élevée... "les conteurs étaient toujours en train de faire des fouilles psychiques, de balayer délicatement des siècles de boue, de creuser sous des strates de culture et de conquêtes, de numéroter soigneusement chaque fesque, chaque frise narrative qu'ils découvraient''. Elle raconte que rares sont les histoires qui ont traversé le temps en gardant leur intégralité et leur totalité. Beaucoup de connaissances que détenaient les Celtes, par exemple, ont été perdues, leur enseignement étant strictement oral. Beaucoup de choses précieuses ont été consevées en Irlande, il est vrai, mais dans une version souvent christianisée.

 

C'est apès avoir vu un reportage de l'émission Des racines et des ailes que j'ai décidé d'écrire un texte rendant hommage à l'astronomie et aux astronomes. Dans le reportage on y présentait le village le plus haut perché de France, Saint Véran, et l'obsevatoire astronomique du Pic de Châteaurenard, situé un peu plus haut. Un petit extrait :

Quand enfin s'ouvre la coupole / On effleure et c'est pur délice / La chevelure de Bérénice / Dieu du ciel on n'touche plus au sol / Plus on regarde dans les cieux / Plus on devine nos origines / Elles sont ma foi un peu divines / On en croit à peine ses yeux

J'avait trouvé une musique mais je trouvais que ça ressemblait trop à du Jacques Brel. Je viens d'en trouver une autre, plus simple. Je crois que je vais la garder. Si je l'enregistre je préfère que ce soit une femme qui la chante, je veux une voix douce et un peu aérienne. Parlant de femmes je trouve regrettable qu'il existe si peu, ou presque pas, d'information sur les femmes dans la culture celtique qui étaient musiciennes, chanteuses et conteuses. Heureusement au pays d'Oc aux douzième et treizième siècles il y avait les Trobairitz, l'équivalent féminin des Troubadours. J'ai un livre quelque part sur elles. Bien sûr on peut trouver de l'informations sur elles sur le Net. Je vais y revenir car il y a beaucoup à dire sur les Troubadours et les Trobairitz.

Tiens, je viens de découvrir Rosemary Standley qui chante merveilleusement La nuit je mens, Sega Jacquot, Duerme Negrito...

 

 

 

 


Dernière modification: 28 déc 2015